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Installation Les chèvres valorisent une petite surface

Benoît Albuisson a choisi la production de lait de chèvre bio. En trois ans, il a atteint un bon équilibre.

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«Après avoir obtenu une licence professionnelle dans le bois, je prévoyais de reprendre l’entreprise de charpente de mon père, raconte Benoît Albuisson, éleveur à Rimeize, en Lozère. Mais en 2015, à la suite de problèmes de santé, j’ai dû changer de cap. Une tante de ma femme prenait sa retraite et cédait une petite exploitation laitière. L’agriculture m’attirait. J’ai saisi cette opportunité et je me suis lancé. »

Une collecte bio dans le département

Sur 47 hectares de prairies et de parcours, il y avait assez de fourrages pour nourrir 200 chèvres ou 25 vaches laitières. Décidé à produire en bio, Benoît demande à la chambre d’agriculture de faire des simulations avec ces deux options. « Sans hésiter, j’ai choisi les chèvres, explique le jeune éleveur. L’animal me plaisait. Il y avait des débouchés car une collecte bio venait de se créer dans le département. Et le prévisionnel économique était bien meilleur qu’avec les vaches. »

En 2016, il prend le temps de se former et d’obtenir un BPREA (1), tout en démarrant la conversion des terres et en préparant son projet d’installation. Ensuite, tout s’est rapidement enchaîné. « En juin 2017, j’ai reçu les 150 chevrettes de trois mois, que j’avais commandées à une coopérative de l’Aveyron, raconte Bénoît. Je les ai logées dans un bâtiment tunnel et j’ai commencé à construire la chèvrerie. Fin mars 2018, je démarrais la traite. »

Prudent, l’éleveur se fixe un objectif de 650 litres par chèvre pour la première année, qu’il atteint sans problème. Mais tout n’est pas facile pour autant. « J’ai tâtonné pour caler la ration avec différents fourrages, ainsi que pour gérer le pâturage au printemps », dit-il. La nurserie n’étant pas assez bien isolée, il y a de la mortalité. Un défaut d’installation de la salle de traite entraîne aussi des problèmes de cellules, aujourd’hui résolus.

Des bêtes à fort potentiel

En 2019, le jeune éleveur démarre la saison sur de meilleures bases. La ration est désormais constituée d’enrubannage, de foin et de méteil produits à la ferme, complétés par du maïs, de la luzerne déshydratée, du tourteau et de l’aliment complet. « Mes chèvres ont exprimé leur potentiel génétique et ont produit 1 200 litres par tête », déclare-t-il.

Les aliments achetés coûtent cher en bio. La luzerne déshydratée est à 520 €/t, l’aliment à 610 € et le tourteau à 700 €.  « Au pic de lactation, la ration me revient à 0,86 € par jour et par chèvre. Mais en face, les prix du lait sont bons », souligne Benoît. En 2019, il a été payé à un prix moyen de 1 040 €/1 000 l. « J’ai adhéré au groupement de producteurs Chèvres bio France, qui approvisionne plusieurs laiteries, poursuit-il. J’ai un contrat pluri-annuel renouvelable avec des engagements de prix, c’est sécurisant. » En 2020, la production de lait va augmenter, car avec les 80 chevrettes gardées l’an dernier, l’éleveur trait désormais 180 chèvres. La lactation a bien démarré, avec des taux en hausse par rapport à 2019. Le challenge est désormais de préserver au mieux l’autonomie en fourrages. « Depuis trois ans, j’améliore les sols, explique Benoît. Je fais des apports pour remonter le pH, qui se situait entre 5 et 5,5, et j’enfouis des couverts qui amènent de la matière organique et des minéraux. »

Trois années bien remplies

L’agriculteur a également implanté des prairies temporaires à base de trèfles et remplacé l’ensilage par de l’enrubannage, plus facile à maîtriser : « L’an dernier, j’ai aussi testé l’orge germée dans la ration. C’est un bon apport en vitamines et minéraux, qui aide à maintenir les chèvres en bonne santé. Je vais continuer à leur en donner. »

Depuis l’été 2019, Benoît arrive à se rémunérer à hauteur du Smic. « Pour l’instant, je ne prends que le minimum, car j’ai besoin de constituer de la trésorerie », indique-t-il. Côté travail, les trois premières années ont été bien remplies. « Je m’y attendais ! Tout n’a pas été facile, j’ai traversé des moments de doute. Mais heureusement, j’ai bénéficié de bons conseils autour de moi », apprécie-t-il. Aujourd’hui, tout n’est pas encore calé, mais l’éleveur a déjà atteint un équilibre et il affirme s’épanouir dans son métier. Cette année, il compte finir d’aménager sa chèvrerie : « Après, je me lance dans la construction de ma maison, en bois bien sûr ! » Frédérique Ehrhard

(1) Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole.

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